« Je suis globalement devenue plus hardie, moins brimée par les limites que je m’imposais […] On peut presque tout faire ici. »

EMPLOI

Traductrice

EMPLOYEUR

Gouvernement des T.N.-O.

ENDROIT

Yellowknife

Qu’est-ce qui vous a fait déménager aux Territoires du Nord-Ouest?

La principale raison de ma venue aux Territoires du Nord-Ouest est que j’étais un peu lasse de la grande ville. Je vivais à Montréal et j’étais traductrice pour une agence privée. Mon attention a été attirée par un poste – intéressant sur tous les plans – dans mon domaine ici, à Yellowknife. J’ai postulé à distance sans trop y croire, mais ça a fonctionné!

La raison secondaire est que, lorsque j’étais jeune adolescente, j’ai développé une fascination pour les loups et les chiens de traîneau après avoir lu des romans de Jack London et de J. O. Curwood, entre autres. J’ai été particulièrement obsédée par le nord du Canada : je voulais y déménager pour construire un chalet sur les rives du fleuve Mackenzie et élever des loups! C’était un rêve particulièrement irréaliste qui faisait sourire mes parents, et que j’ai abandonné par la suite, mais l’intérêt et l’attirance pour le Nord sont restés. C’est pourquoi j’ai tenté le coup : je me disais que je devais ça à la petite fille rêveuse que j’avais été!

 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus? Qu’est-ce qui vous fait rester?

Mon travail me plaît beaucoup! Mais je reste aussi pour la nature à portée de main, omniprésente : en 5 minutes, je me retrouve en pleine forêt sur les falaises surplombant le Grand lac des Esclaves… c’est magique! Je reste aussi pour l’air pur, un luxe qui se fait rare. Le rythme de vie me plaît aussi, bien plus détendu que dans les grandes villes du Sud. Enfin, je reste pour le côté communautaire très agréable qui règne à Yellowknife et sans doute dans les autres collectivités ténoises.

 

Comment diriez-vous que vous avez changé? Comment votre vie a-t-elle changé depuis que vous êtes arrivée?

Je suis globalement devenue plus hardie, moins brimée par les limites que je m’imposais. Le Nord attire des personnes aventurières et fortes… ce n’était pas vraiment mon cas, mais j’ai fini par être influencée positivement à cet égard par mon entourage.

À titre d’exemple : avant de venir ici, j’étais anxieuse en avion, presque réduite à prendre des calmants. Après une seule année passée aux T.N.-O., je suis devenue bénévole pour une association de recherche et de sauvetage par avion. On tournoie dans les airs au gré des missions dans de minuscules avions des années 1960 et j’adore ça! Par ailleurs, je n’aurais jamais eu l’aplomb de parler à la radio ou devant une caméra si je n’étais pas venue ici. Je suis assurément plus épanouie, moins stressée et moins craintive. Une thérapie gratis et accélérée!

 

Quelles sont les plus belles opportunités, selon vous?

Leur abondance et la quasi-absence de limites! On peut presque tout faire, ici. Vous rêvez de monter sur scène? De devenir pompier bénévole? De monter un podcast diffusé à la radio? De tourner un court métrage pour un festival de films d’horreur? De contribuer à un journal? Vous allez probablement pouvoir le faire – je fais allusion à de vrais cas!

Il est facile de se faire une place dans la communauté, peu importe ce que vous souhaitez faire ou le rôle que vous voulez jouer, tout simplement parce qu’il y a généralement l’espace pour le faire, au sens propre comme au sens figuré. L’initiative est encouragée dans tous les domaines. Je ne dirais pas que tout est possible, mais presque!

De mon côté, il y a aussi eu la découverte enrichissante de la culture autochtone, celles des Dénés, notamment. J’ai suivi des cours de tlicho (principale langue autochtone locale) pendant un an et fait partie d’un programme de parrainage entre les participants et les Aînés.

Dans mon cas, j’ai été jumelée à Jonas, qui a longtemps été chef de la Première Nation des Dénés Yellowknives. Il m’a accueilli dans sa maison, appris à faire de la motoneige, à poser des collets, à distinguer les traces d’animaux dans la neige et il m’a fait découvrir la pêche sur glace. J’ai aussi découvert une histoire que je ne connaissais pas — celle des pensionnats, entre autres — et une autre vision des choses, différente de ma vision quelque peu ethnocentriste de fille caucasienne de la grande ville.

 

Quelles sont vos principales activités ou passions?

Pour vivre l’endroit pleinement, je pense qu’il faut aimer la nature : hormis les diverses occasions professionnelles souvent uniques que les T.N.-O. offrent, c’est leur atout principal. Les forêts à perte de vue, la nature vierge et brute, l’ivresse de grands espaces… Si vous aimez la randonnée, le kayak, la pêche, ainsi que la motoneige, le ski de fond ou la raquette l’hiver, c’est votre terre promise.

J’aime beaucoup le plein air et j’en profite toute l’année. Le froid est sec : si vous vous habillez convenablement, même des températures avoisinant les -50°C ne limiteront pas vos activités. J’ai souvent grelotté à Montréal ou ailleurs par -10°C malgré mes grosses parkas, à cause de l’humidité de l’air qui s’infiltre sous les vêtements, mais je n’ai jamais eu froid aux T.N.-O.!

J’aime aussi la photographie, et les territoires sont très photogéniques : la nature à couper le souffle; les phénomènes météorologiques tels que les aurores et les parhélies; les étoiles qu’on voit si bien par temps dégagé; le soleil de minuit; la lumière rosée, givrée et presque irréelle des quelques heures de faible clarté l’hiver.

 

Pourquoi recommanderiez-vous à quelqu’un de venir vivre aux Territoires du Nord-Ouest?

Je recommanderais de venir vivre aux Territoires du Nord-Ouest pour le côté communautaire de la société locale, pour le rythme plus détendu, pour la nature et les activités de plein air, pour les aurores, et pour l’isolement, qui peut être un atout pour certains, voire exotique et grisant – même au prix de pannes d’électricité et d’Internet un peu plus fréquentes!

Il faut aussi venir ici pour l’aventure et les expériences hors du commun; pour le côté étonnamment multiculturel de Yellowknife. J’aime le fait que les Autochtones et les non-Autochtones vivent côte à côte et globalement en harmonie. Il n’y a pas la séparation habituelle créée par les réserves. Il me semble que c’est assez rare.