« Ici, quand tu souhaites quelque chose et que tu as une bonne idée, ne le dis pas trop fort, tout le monde voudra t’aider ! »

EMPLOI

Gestionnaire de projets et chef cuisinier

EMPLOYEUR

Ma propre entreprise

ENDROIT

Yellowknife

Quand êtes-vous arrivé et qu’est-ce qui vous a fait déménager ici ?

Je suis arrivé juste avant l’automne 2011, la même journée que le 10e anniversaire de l’attaque des tours jumelles de New York. Disons que le vol d’avion fut étrange. J’arrivais du Québec où je suis né et j’ai vécu mes 33 premières années de vie. Ma famille vit toujours dans mon village natal dans la région Centre-du-Québec.

Mon déménagement aux TNO fut une surprise en fait. Je suis allé visiter une amie à Yellowknife et elle m’a déniché une entrevue pour un poste au sein de la Fédération Franco-Ténoise. L’aventure a commencé aussi vite que ça. Retournant au Québec pour annoncer à ma famille que je quittais pour le Grand Nord et que je devais tout faire en deux semaines… sous-louer l’appartement, tout emballer et me relocaliser. C’est à ce moment que le déclic s’est fait… je devenais un francophone en situation minoritaire. Je mettais l’épaule à la roue pour faire valoir nos droits et amener les jeunes des Territoires du Nord-Ouest à réaliser qu’être francophone en situation minoritaire est une richesse identitaire inestimable. Mon poste de gestionnaire de projet auprès de la Fédération Franco-Ténoise (FFT) me donnait une quête que j’ai adorée. Ensuite a suivi un poste auprès de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY), une position comme commissaire scolaire et administrateur auprès de l’Association des parents ayants droit de Yellowknife. Mon intérêt ne s’arrête pas, je suis maintenant vice-président de la FFT et président de l’AFCY.

Qu’est-ce qui vous a accroché ou qui vous plaît le plus ? Comment décririez-vous la vie ici ?

D’emblée, je dirais la communauté. La majorité des gens qui ont décidé de venir s’installer au nord du 62e parallèle vivent le même sentiment d’être expatrié sur des terres exotiques. Ils sont très accueillants. Le paysage est unique : petits arbres, énormes masses de pierre à perte de vue et lacs en nombre incalculable. L’esprit d’accueil des résidents est incroyable. Tu remarques que les loyers sont définitivement plus chers qu’à Montréal et que le panier d’épicerie aussi. Tu comprends que de fréquenter des commerces et faire ton train-train quotidien majoritairement en anglais te cause de sacrés maux de tête. Après deux ans de dur labeur, sans t’en rendre compte, tu es bilingue… pis tu te sens assez fier parce que quand tu arrives ici au jour 1, les mots que tu connaissais étaient : Yes, no, toaster, ketchup…

J’ai décidé au bout de 4 ans de démarrer une petite entreprise de services traiteur et de restauration. J’avais dans mon parcours scolaire complété un diplôme professionnel comme chef cuisinier. Avec mes études en gestion de projet et une passion maladive pour la gastronomie du monde, je me suis lancé et Flavour Trader/Saveurs de l’Artisan est né.

Comment décririez-vous les opportunités de carrière ?

Les opportunités d’emploi ici sont variées et les salaires sont assez proportionnels au niveau de vie en excluant les métiers en restauration ou au sein des commerces de détail. Il y a beaucoup de discussion afin que le salaire minimum soit révisé à la hausse. L’avancement est définitivement au goût du jour et c’est ce qui peut aussi fragiliser nos instances gouvernementales. Les changements de position sont fréquents ce qui donne peu de chance de maintenir des bases solides au sein des départements du GTNO aux postes les moins rémunérés.

Plus de 60 % des résidents des TNO travaillent pour la fonction publique, ce qui est énorme. Autant auprès d’instances fédérales, territoriales et municipales. Également, les compagnies minières engagent beaucoup et ensuite, ce sont les secteurs secondaires en tourisme, commerce au détail et en services qui sont comblés.

Comment sont la communauté francophone et les relations avec les gens en général ?

Je crois que c’est ce qui m’a définitivement séduit ici, la force et le courage de la communauté francophone. Les deux premières semaines quand tu arrives ici, tu te fais présenter à une quantité de personnes dont tu veux tellement te rappeler leurs noms, mais bon, le souhait n’est pas toujours réalité. Les organismes multiples dont les employés et membres de leur conseil d’administration qui travaillent super fort afin d’offrir des services en français de qualité que ce soit en éducation, en santé, en service de la petite enfance, ensuite avec la radio, le journal, les événements culturels et afin de valoriser le fait francophone en situation minoritaire. Pour moi, ç’a été un coup de foudre, je me suis tout de suite impliqué parce que j’ai senti un appel à faire évoluer les choses comme tant d’autres avant moi. Cette cause me tient à cœur depuis bientôt 10 ans.

Qu’est-ce qui vous étonne le plus ici ?

Ce sont les possibilités… ici, quand tu souhaites quelque chose et que tu as une bonne idée, ne le dis pas trop fort, tout le monde voudra t’aider !

Pourquoi recommanderiez-vous à une personne d’emménager ici ?

Pour le calme, les gens accueillants, les aurores boréales de mars et septembre, les grands espaces naturels, les jours d’été qui ne finissent jamais, les lacs à découvrir en canot ou kayak. Pour les amateurs de pêche, c’est la vie rêvée.